Jean-Hugues Anglade
extrait d'interview

"Je suis sorti sur la véranda armé d'une bière fraîche et je suis resté quelques instants avec la tête en plein soleil. C'était bon, ça faisait une semaine que je prenais le soleil tous les matins en plissant des yeux comme un bienheureux, une semaine que j'avais rencontré Betty". Ainsi commence l'aventure racontée par Philippe Djian dans son roman "37.2 Le Matin". Cela faisait trois mois qu'il avait "rencontré" Zorg, son personnage, et Jean-Jacques Beineix, réalisateur du film adapté du livre.  

"Ce film m'a apporté plus que tous ceux que j'avais faits précédemment réunis. J'ai plus qu'aimé faire ce film, ça a été une rencontre fantastique avec Beineix et avec le sujet, un investissement total. Zorg est un personnage extraordinaire par sa richesse, et la façon dont il se définit à travers l'histoire. C'est un personnage très complet, qui va et vient entre des situations comiques et des moments vraiment tragiques. Pour un comédien c'est formidable à jouer : il y a en Zorg toute la palette d'un homme, avec son courage et sa lâcheté, et surtout une observation très précise de la façon dont s'expriment ce courage ou cette lâcheté... Je me suis retrouvé en face de moi-même sur ce tournage, je m'y suis engagé moralement, physiquement, nerveusement, et j'ai envie de dire que c'est mon premier film !".  

"C'est vrai, je m'y étais investi, mais pas autant. En fait un film est dangereux quand il vous met en face de vous en tant qu'individu. Pour "L'Homme blessé", je n'ai pas eu un rapport intime avec le personnage que j'interprétais, il y avait une distance, de par le fait qu'Henri était homosexuel et que je ne l'étais pas. Au contraire Zorg, le personnage de "37.2 Le Matin", raconte une histoire et soulève des préoccupations qui sont complètement les miennes, c'est ça qui fait qu'on se pénètre et qu'on rentre dans le film de façon beaucoup plus totale... On conserve toujours une distance, si petite soit-elle, parce qu'on joue, qu'on interprète : on fait un métier d'acteur ; mais en même temps, c'est un personnage qui me poursuivait jour et nuit et j'y prenais plaisir".  

"J'ai mis le bras dans l'engrenage de la comédie, j'aime bien être acteur. Et puis là, j'ai cerné des choses que je n'avais pas cernées auparavant. "37.2 Le Matin" a même assouvi ce besoin que j'avais de réaliser un film pour montrer ce que je sais faire, montrer autre chose. C'est paradoxal, mais c'est comme ça. Un jour mon film aura de nouveau sa place, mais je ne sais pas quand...".

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